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tre entêtement !… Le jour où vous vous trouverez seule au monde… l’une de vos filles mariée, détachée de vous… et l’autre morte !…

Ces paroles prononcées, il s’éloigna rapidement sur la grève, sans un regard sur Henriette. Elle n’avait même pas proféré un gémissement ni fait un geste ; les mains abandonnées sur les bras de son fauteuil, les yeux clos, comme assommée par ce dernier coup impitoyable de l’homme qu’elle aimait, bien que sans inclairvoyance et sans lâcheté à son égard.

Pourtant, deux heures plus tard, les enfants rentrées à la villa, quelque temps encore devant s’écouler avant que la cloche du dîner sonnât, Henriette s’achemina à pas lents vers la pointe rocheuse où Julien Dolle s’était réfugié, sur laquelle l’on apercevait au loin sa silhouette immobile.

Elle parvint jusqu’à l’espèce de plate-forme rêvêtue d’herbe courte où il se tenait et s’assit silencieusement à ses côtés. Lentement, il se tourna vers elle et il la regarda muet, toute acrimonie enfuie de sa physionomie, comme elle non plus ne conservait aucune rancune sur son visage.

À leurs pieds, c’était un dévallement brusque de roches de granit arides, brûlées par le soleil et l’éclaboussement des vagues, qui, parfois, durant les tempêtes de l’hiver, escaladaient jusqu’à cette cime. En bas, la mer remontante écumait sur l’éboulis du rocher, en léchait les cassures, s’élançait dans les petites grottes d’où elle ressortait, gémissante et baveuse.

Et Julien parla, la voix apaisée.

— Après tout, peut-être vaut-il mieux qu’il en soit ainsi.

Henriette eut un imperceptible tressaillement. Quelque chose s’effondra en elle. Ce renoncement qu’elle