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Madame Féraud détourna son regard, soudain saisie par l’émotion du jeune homme et brusquement arrachée aux préoccupations généreuses, aux idées générales qui l’enflammaient naguère.

— Ah ! fit-elle à voix basse.

Il se rendit compte du changement d’esprit de la jeune femme.

— Laissons tout cela, dites, je vous en prie ! supplia-t-il. Profitons de cette minute où nous sommes seuls et libres… J’ai à vous parler de moi, de vous, de nous deux. Instantanément, toutes les colères sincères d’Henriette, tous les soucis étrangers à sa propre personnalité s’étaient évanouis. Elle se vit seule avec Julien, et elle sentit avec une force qui la troubla, intensément, combien le désir persistant du jeune docteur occupait de place en ses pensées et en sa vie, malgré qu’elle s’en défendit.

— À quoi bon ? murmura-t-elle. Tout a déjà été dit entre nous… Pourquoi y revenir ?…

Néanmoins, elle n’avait pas le courage de prononcer les paroles nettes et glacées qui font taire les importuns.

De la deviner si proche, si consentante malgré elle, Julien acquit une ardeur pleine d’espoirs.

— Henriette, vous savez bien ce que j’ai à vous dire, à vous redire… Je vous voudrais à mes côtés… à moi. Oui, vous m’avez déjà repoussé, mais, depuis cette époque, les circonstances ont changé… Je ne suis plus en attente vague et presque désespérée de l’avenir. Je touche au but. Je suis parvenu à m’assurer du tremplin qui me permet l’élan sûr au bout duquel est la réussite. mathématique. Et je suis persuadé que vous me comprendrez, quand je vous dirai que je souhaiterais ardemment que vous fussiez ma femme à cette date capitale de mon existence… juste au moment où je vais mettre le