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modérer, en quelque sens que ce soit, elle tombe en des excès qui entretiennent son état maladif, ramènent inexorablement la perturbation et l’accident qui l’affaiblissent encore, qui l’épuisent, la détraquent et la tuent !…

Elle s’arrêta, énervée à présent, par le mutisme de Julien Dolle, qu’elle avait d’abord exigé impérieusement, Immobile, les yeux attachés sur elle, la physionomie indéchiffrable, il ne manifestait aucune émotion sous ce flux de paroles véhémentes.

Reconnaissez-vous la vérité de ce que je dis ? lui demanda Henriette. Vous refusez-vous toujours à admettre que dans le « sujet » il y a un être dont il faut tenir compte ?… Que les organes humains sont tous solidaires et que la blessure de l’un entraîne l’altération de tous les autres ?… Refusez-vous d’ouvrir les yeux, d’apercevoir les abominables misères des femmes sous leur sourire courageux, sous le mensonge obstiné dont elles s’enveloppent, par coquetterie, pudeur ou dévouement… Misères dues à votre main, à votre audace criminelle, à votre aberration maniaque de gens hypnotisés par l’idée que le corps humain n’est qu’une machine dont les rouages sont modifiables au gré du chirurgien habile ?…

Et, comme le docteur restait toujours muet, elle s’é- cria avec impatience :

— Mais, parlez donc !… M’entendez-vous ? M’écoutez- vous ?…

Julien eut un tressaillement, comme si l’apostrophe l’eût tiré d’un monde suprêmement lointain.

— Que voulez-vous que je vous réponde ? fit-il avec une fièvre subite. Tout ceci, Suzanne Castély, les problèmes psychologiques et physiologiques me sont aujourd’hui si parfaitement indifférents !… Je suis venu ici pour vous, Henriette… Je pense à vous, je ne vois que vous… Rien ne m’est que vous… Au diable les autres !…