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du chemin qui séparait la plage des jardins et des terrains vagues longeant la côte.

Robert Castély, qui s’était profondément endormi, étendu sur le sable, à l’ombre de la tente, un journal tombé à côté de lui, se réveilla en sursaut.

— L’omnibus !… Suzanne, viens-tu avec moi au Croisic, cet après-midi ?… J’ai une dépêche urgente à faire passer…

Certainement, fit-elle, avec le courage obstiné qui ne la quittait jamais.

Elle était résolue à suivre partout son mari, à ne jamais paraître fatiguée ni souffrante, à ne lui refuser quelque manifestation d’activité que ce fût, si pénible que celle-ci pût être pour elle, toujours accablée de malaises secrets.

Madame Féraud la regarda avec une affectueuse pitié.

— Par cette chaleur intolérable, tu ferais mieux de rester tranquillement ici, ma petite Suzanne.

Mais l’autre répondit avec une fébrile patience :

— Du tout !… Allons, Robert, le cocher nous fait signe, dépêchons-nous !…

Le jeune ménage s’éloigna précipitamment. Sur la route, on les vit se hisser en riant dans le véhicule étrange qui allait et venait entre le port et la plage, à des heures fantaisistes, mi-char à bancs, mi-tapissière, mi-mail, et attelé de haridelles inénarrables.

Madame Féraud avait suivi la femme de Robert avec des yeux pleins de sollicitude et de souci.

— Comme Suzanne est pâle aujourd’hui ! et combien elle est changée !… laissa-t-elle tomber d’un, ton chagrin.

Dolle s’était levé ; et debout, il examinait la face blanche, inerte de la petite Claire, la seconde fille d’Henriette,