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fait en commun !… Il est des sciences qu’il ne faut aborder qu’avec soi-même, et le livre est le meilleur des maîtres pour des sujets où même la dualité est un motif de trouble.

Dolle hocha la tête.

— Le livre est parfois le pire initiateur. Qui sait ce que l’enfant découvre entre les lignes les plus austères… Quels délires ignorés surgissent pour lui de pages de science pure !…

Madame Féraud nia :

— Ceci est faux, lorsque l’enfant est sain, vigoureux, vraiment bien préparé pour tout connaître de la vie !…

Dolle résuma :

— En somme, vous pensez qu’il est bon pour l’enfant d’enlever devant lui tous les voiles, de lui montrer hardiment les mystères passionnels aussi bien que les pires tares sociales ?… Eh bien ! je suis persuadé qu’avec ce système, vous en ferez un maniaque érotomane et un misanthrope…

Madame Féraud eut un geste de découragement.

— Oh ! tenez, nous sommes trop loin l’un de l’autre… Nous avons une vision tellement différente !…

— Que voulez-vous dire ?

Elle essaya d’expliquer :

Vous parlez de « mystères passionnels ». Ce n’est point cela que j’estime qu’il est bon de mettre sous les yeux de l’enfant, mais la simple et succincte vérité physiologique touchant des organes tout aussi essentiels que ceux dont on lui donne volontiers la description… Je suis persuadée que si l’on dégage résolument la question sexuelle de toute cause accessoire de volupté, la réalité sobrement livrée à l’enfant ne peut causer en lui aucun émoi… À moins que déjà sa curiosité n’ait été éveillée par des cachotteries maladroites ou des allusions vicieu-