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était encombrée de meubles anciens couverts de poussière, de faïences, de bijoux démodés, de paquets d’argenterie noués de rubans fanés. La devanture portait, en lettres de peinture écaillée « Antiquités ». Puis, contre la vitre de la porte, on lisait : « Maison Caillot, madame Hestelle, successeur ».

Valentine dit simplement : — Entrez.

L’intérieur de la pièce, embarrassée d’un fouillis indescriptible, sentait le moisi, le vieux bois et les parfums rancis. La sonnette de la porte avait faiblement grelotté. Très chez elle en ce lieu vaguement équivoque, madame de Mamers traversa la boutique d’un pas alerte et ouvrit une porte au fond, d’un geste délibéré.

Dans le petit salon étroit, donnant sur un jardin, Robert eut subitement la stupeur de reconnaître son ami Julien Dolle…

Le docteur était assis devant une table, très occupé à examiner des papiers, auprès d’une vieille femme vêtue de noir. Elle se leva vivement et pénétra dans le magasin, en refermant avec soin la porte derrière elle.

— Pardon ! dit-elle, je suis en affaires.

Elle était grande, le visage large et blafard. Ses cheveux, clairsemés sur les tempes, étaient surmontés de bandeaux et d’un chignon tressé opulents, visiblement postiches. Toute sa personne exhalait une austérité un peu démentie par le pli canaille de ses lèvres et l’acuité effrontée du regard perçant de ses petits yeux noirs en- foncés dans les mille replis de ses paupières molles et exsangues.

Madame de Mamers demanda seulement, avec un petit geste :

— On peut monter ?

Madame Hestelle recommanda :

— Dans ma chambre. Autre part, j’ai des amateurs…