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mensuelle que Suzanne s’obligeait à faire à sa mère, au jour de réception de celle-ci.

À se sentir vraiment seuls, abandonnés à leur unique tendresse mutuelle, leur ardeur de s’aimer s’était aiguisée et puissamment ramifiée. À leur passion d’amants se mêlait une sensation de paternité et de maternité, un besoin de protection attendri l’un vis-à-vis de l’autre. Père, Robert l’était envers Suzanne pour les questions matérielles de leur existence, et elle se montrait intensément maternelle à l’égard des blessures d’âme, des endolorissements dont, perpétuellement, souffrait l’artiste aux nerfs tressaillants.

Au milieu du fourré dans lequel ils avançaient solitairement, Robert aperçut deux chaises de fer, sans doute traînées là par quelque rôdeur sentimental et amoureux de ses aises.

— Restons ici… veux-tu ?

Et, tous deux assis, ils s’enlacèrent, du geste tendre qui leur était familier, où s’affirmait ce naturel et touchant égoïsme masculin que la femme adore tant qu’elle aime l’homme qui le lui impose. Les deux bras du jeune homme noués autour de la taille de Suzanne, il reposait sa tête en un entier abandon sur cette poitrine, sur ce sein fragile de femme presque encore enfant, et dont son énervement réclamait l’appui maternel.

Elle se tenait droite, un peu lasse, mais fière et attendrie sous ce cher poids. Son bras léger, et que, pleine de sollicitude, elle s’efforçait de rendre plus léger encore, posé sur l’épaule de Robert, l’enveloppait de précieuse affection.

Ils ne parlaient point ; il songeait ; elle ne pensait pas, ses yeux errant autour d’elle, buvant la paix verte qui enclosait leur caresse.

— Que c’est joli ici, et comme il fait beau, aujour-