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et blondie que Maurice Sallus avait abordée et accompagnée le jour de l’enterrement de Madeleine Jaubert. C’était sa fille Viviane, maintenant directrice du Théâtre Moderne, grâce à l’argent de l’amant de sa mère, qui portait à la scène le nom de Rita Léoni.

Il y eut d’abord entre les deux femmes un long colloque à voix basse traitant du sujet qui amenait madame de Mamers chez la mère de l’actrice et qui, apparemment, ne devait point être entendu des profanes.

Ensuite, la question épuisée, Valentine parla de Robert Castély, toujours d’une voix imperceptible pour le jeune homme. Et le regard de la comtesse, un regard hardi, d’une insolente sensualité de vieille femme galante riche, pesa lourdement sur l’écrivain, l’étudia, le jaugea.

Peu à peu, un malaise presque insupportable envahissait Castély. Près de ces femmes il se sentait amoindri, déchu, réduit à une humiliante servilité, comme prostitué moralement et physiquement.

Une honte douloureuse l’envahissait, accompagnée d’une violente rage sourde, d’une profonde rancune. Au-dedans de lui, mille pensées de vengeance, de représailles impitoyables bouillonnaient.

— Ah ! le jour où je n’aurai plus besoin de toutes ces ignobles femelles !…

Et, vaguement, la douce image de Suzanne se dressait devant lui…

Cependant, malgré tout ce qui traversait son cerveau, il gardait un visage impassible et souriant. Nonchalamment accoudé au marbre d’une table, il lissait, d’un geste doux et continu ses blondes moustaches soyeuses, sachant qu’elles devaient avoir une particulière séduction pour l’ancienne belle, qui le couvait d’yeux où l’égrillardise se mélangeait à une maternité attendrie.