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Leurs yeux se cherchèrent.

Leur égoïsme à tous deux tentait vainement de se transpercer, une sensualité à fleur de peau s’exacerbant seulement chez lui comme chez elle, en ce contact pro- longé de leurs regards qui, prudents, savaient ne rien révéler de leur âme.

Enfin, madame de Mamers sourit et, se détournant lentement.

— Attendez-moi cinq minutes… je prends un chapeau, et je vous emmène chez la comtesse Piazza… Vous verrez que vous ne regretterez pas cette visite.

À ce moment, Julien Dolle était déjà parti, courant lui aussi vers une fortune chèrement acquise par le froissement, l’émiettement implacable de tout ce qu’il y avait de sentiments de dignité en lui. Madame Galletier, Maud et Matilda avaient gagné la véranda, sous laquelle, à l’ombre du grand store rose, elles buvaient des sodas en face de l’immensité calme de la mer bleue.

Soucieux de ne point attirer l’attention du cénacle des trois amies, Robert gagna l’antichambre sur la pointe du pied, où il guetta le retour de Madame de Mamers.

Elle ne tarda pas à le rejoindre, rafraîchie par une nouvelle couche de poudre de riz, la blondeur de ses cheveux éclatant sous la dentelle blanche de son chapeau garni d’œillets rose vif.

— En route, fit-elle gaiment, en étirant ses longs gants de Suède blancs sur son bras nu jusqu’au coude.

Son regard s’attachait sur Robert, plein de satisfaction et d’autorité, comme inspectant un bien déjà acquis.

Ils suivirent la rue en pente et, bientôt, Valentine ferma son ombrelle.

— Nous sommes arrivés.

Ils étaient devant une villa dont l’architecture com-