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devant vous à ignorer la joie de n’avoir que votre âge !…

Là-bas, au fond du salon, entre Robert Castély et Valentine de Mamers, la conversation prenait, de minute, en minute, un caractère d’intimité plus marqué. Le premier mouvement du jeune homme en découvrant inopinément son ancienne conquête chez madame Galletier, fut une vive contrariété. L’ébauche d’aventure passionnelle qui avait eu lieu entre eux ne lui laissait que le triple souvenir désagréable d’une déception voluptueuse, d’une blessure d’amour-propre, et la conscience de s’être montré quelque peu goujat en l’occurence.

Mais l’accueil paisible de la dame, son indifférence tranquille devant lui ne tardèrent pas à le piquer, à l’inciter à raviver chez cette femme l’impression qu’il lui avait faite et qui semblait effacée aujourd’hui.

Puis, brusquement, il vit « l’affaire » sous un jour tout nouveau.

Il se rappela les paroles de Guy de Vriane lui recommandant madame de Mamers ainsi qu’une influence à ménager et qui pouvait être précieuse. Et le jeune auteur dramatique comprit qu’en ce moment précis de sa carrière, la nouvelle rencontre de la belle Valentine était dans son jeu un atout considérable qu’il fallait se garder de laisser échapper.

En effet, il devenait de plus en plus urgent pour lui qu’il se défendît des crocs de Maurice Sallus. L’homme menaçait de le dévorer jusqu’à l’os. Le jeune auteur avait ponctuellement remis au critique les deux pièces promises, et ce dernier les avait déjà fait comprendre dans le programme de la saison d’hiver de deux scènes parisiennes. Cependant, même si ces ouvrages étaient. des succès retentissants, le résultat pécuniaire demeurerait nul pour l’auteur, tout étant raflé par l’intermédiaire.

Et les nécessités de l’existence pesaient de plus en