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que Robert Castély suivait dans la profondeur d’une sorte de cabinet de glaces, une personnalité qu’il n’avait pas été peu étonné de retrouver dans ce milieu : la belle Valentine de Mamers.

Chez madame Galletier, particularité typique, quel que fut le nombre des visiteurs, au bout de quelques instants, il n’y avait plus dans le salon que des couples isolés.

Grande, un peu épaissie par la quarantaine fortement dépassée, des traits vulgaires marqués d’une sensualité quasi féroce, madame Galletier décourageait le désir par un visage déplorablement couperosé, qu’elle embarbouillait en vain des fards les plus savants. Pour faire oublier cette tare qui la désespérait, elle exposait — grâce aux entre-deux, aux mousselines transparentes de ses vêtements — le plus possible de son beau corps laiteux. Sa peau était admirable : elle semblait comme affinée, satinée par les contacts et les frôlements multiples de son existence d’amoureuse éternellement irrassasiée, pour qui tout, toutes et tous étaient bons.

Ce qui rendait cette femme intéressante, c’est que, chez elle, l’agitation des sens était accompagnée d’une égale, ou peut-être même supérieure activité intellectuelle. Avec enjouement et vérité, elle déplorait parfois que le hasard l’eût fait naître riche et mariée à un homme qui l’avait laissée veuve plus que millionnaire.

— Quel tempérament d’aventurière j’aurais eu ! s’écriait-elle en riant.

Ses intrigues, ses entreprises, ses projets, ses travaux de tout ordre et en tous sens étaient sans nombre. Milieux politiques, académiques, artistiques, philanthropiques, féministes, pacifistes, internationaux, régénératifs ; elle fréquentait tout, s’imposait partout, et partout devenait immédiatement indispensable.