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— Je vous demande pardon, monsieur, je ne voulais pas vous offenser…

Et, soudain, ses mains cachant son visage, elle sanglota amèrement.

Une idée traversa le jeune homme. Un rappel lui vint des longs regards de la petite ouvrière parfois surpris, de son trouble joyeux lorsque, par hasard, il lui parlait.

Il haussa les épaules, quand même flatté.

— Allons, calmez-vous, dit-il avec un rien d’ironie, et gardez tout ce que vous voudrez, ceci n’a aucune im- portance :

Ces paroles semblèrent cingler la pauvre fille et lui communiquèrent tout à coup une audace extraordinaire.

Elle découvrit son visage, montra ses yeux pleins de larmes, éclatant d’amour et de fièvre, de rêve et d’espoir anxieux.

— Ah ! monsieur, si j’osais vous dire ! Si j’osais vous avouer !…

— Quoi donc ? demanda Castély avec une feinte ignorance.

Avec une exaltation grandissante, elle ajouta :

— Si j’avais le courage de vous parler ! Avec mademoiselle Jaubert, nous causions de vous tout le temps… de votre avenir, de votre beau talent, de votre génie !… Votre pièce au Théâtre-Moderne, je l’ai vue jouer trois fois… Les autres, celles qui sont là, mademoiselle Madeleine me les lisait, elle étudiait devant moi ses rôles… et elle voulait que je joue aussi, moi. Elle me faisait réciter, parfois. Bien sûr que cela était très mal, mais, pourtant, elle me disait qu’avec du travail, j’arriverais. Et, ce que je voudrais vous dire, monsieur Castély, c’est que je suis prête à devenir votre esclave, votre chose… Remplacer mademoiselle Madeleine ?… Oh ! non, je sais