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L’orgue jetait une harmonie presque assourdissante, qui couvrait les piétinements, les bruissements, les chuchotements, les allées et venues d’une foule désireuse de de ne point passer inaperçue cabots, comédiennes, gens de lettres de toute catégorie, qui échangeaient saluts, poignées de mains, signes et gestes de connaissance.

Cependant, le maître des cérémonies, voulant conduire Robert dans les rangs des sièges drapés de noir, trop clairsemés à son gré, le jeune homme refusa. Il demeura auprès de cet amoncellement de fleurs coupé symétriquement par les candélabres supportant les longs cierges pâles, à la lumière clignotante… auprès de ce drap sombre voilant celle peut-être déjà méconnaissable qu’il ne verrait jamais plus ; celle qui emportait avec elle des sensations, des sentiments, toute une part de lui-même, qui jamais plus ne soulèveraient le suaire…

Mady, dans la vie de Castély, ç’avait été l’art chaud et sincère, l’envolée enthousiaste vers une gloire qu’il imaginait alors pouvoir être pure et resplendissante.

Mady, la fragile et ardente fille brune, c’étaient les illusions de sa carrière d’écrivain… Comme Suzanne, la pâle blonde fanée, affaissée là-bas dans la pénombre, avait précédemment incarné pour lui celles de l’amour. Vers elles, vers les phantasmes radieux et décevants qu’elles matérialisaient, il s’était précipité, inconscient, fougueux. Et sous son étreinte avide, l’une après l’autre, elles s’étaient flétries ; tandis qu’une parcelle de son âme à lui se désséchait pareillement pour toujours.

L’amant sincère, l’artiste convaincu étaient morts en lui. Avec une angoisse exaspérée, il constatait chaque jour le vide croissant de son âme et de son cœur…

Aussi, entre Suzanne et Mady, entre ce frêle fantôme de femme encore debout, non loin du cercueil où