Castély tressaillit et se retourna.
Le corbillard arrivait de la maison mortuaire, chargé de fleurs et presque solitaire.
Derrière lui se tenaient, découverts, Gaston Lombez, serré dans une redingote noire, raide, son regard avide comptant le nombre de ceux qui stationnaient sur les marches de l’église, et Joseph-Pol La Boustière, visiblement, ému, la tête basse, ses gros traits naïfs contractés par un chagrin sincère.
À côté d’eux marchait un jeune homme vêtu d’un complet étriqué, que personne ne connaissait, et, plus loin, dans un groupe de femmes, aux toilettes modestes, la petite Cécile, la fille de la concierge, pleurait abondamment, ses beaux cheveux dorés éclatant, lumineux, sous le chapeau de deuil.
À cette heure de la matinée, le mouvement de la rue de Châteaudun était déjà intense. Le pavé en bois, fraîchement lavé, répandait une fraîcheur dans l’air tiédi par le soleil qui dépassait déjà les hautes maisons et venait dorer le fronton du temple vieillot. Les tramways Cours-de-Vincennes-Saint-Augustin passaient pressés, ébranlant l’air de leurs coups de timbre impérieux : des charrettes de fleurs et de fruits circulaient, harcelées par les sergents, faisant de brusques crochets pour éviter les omnibus et les fiacres. Une foule féminine ralentissait le pas, s’arrêtait le long des grilles, intéressée par le corbillard somptueusement fleuri de roses, d’iris, de lilas blanc et d’orchidées.
Maintenant, l’assistance se reculait, obéissait à la hallebarde menaçante du suisse, qui creusait du geste un passage pour le cercueil que les hommes des pompes funèbres se hâtaient de dégager.
Les cloches tintaient, se mélangeant au bruit confus de la rue.