— Bouffon !… du dernier bouffon ! murmurait un critique qui s’esclaffait, tout en gardant sur son visage l’expression décente requise.
Lorsque Castély, accompagné de Suzanne, descendit de l’omnibus Clichy-Odéon, il y avait foule sur les marches et sous le péristyle de la petite église.
Malgré que Mady ne fut point une comédienne en vedette, et qu’elle n’eût jamais appartenu à un grand théâtre, elle était très répandue dans le monde artiste, où sa mort lui créa soudain de nombreuses sympathies. Du reste, la certitude de rencontrer Caula, le directeur du Théâtre-Moderne, deux ou trois critiques que l’on savait attaché à la jeune fille, suffisaient pour attirer une multitude d’auteurs avides de nouer de précieuses relations, ainsi que d’artistes des deux sexes, toujours prêts à se prodiguer.
Guy de Vriane, tout de noir habillé, ainsi qu’un croque mort, le haut de forme un peu en arrière sur son front blême et ridé, ses yeux bleu pâle anxieux, se multipliait. Il courait aux tables drapées où des feuillets surveillés par des hommes solennels recevaient les signatures, galopait jusqu’au catafalque, qui se dressait immense, entouré de cierges et de fleurs dans la nef entièrement tendue de noir ; ensuite, il revenait en hâte, au péristyle, où il distribuait les poignées de main, énumérait pour les nouveaux arrivants les noms des personnalités intéressantes qui, déjà, s’étaient rendues à l’appel du Théâtre-Moderne.
L’aspect de l’entrée de l’église offrait une ressemblance frappante avec celle du théâtre, un soir de première, quant à la composition et l’attitude du public.
Suzanne au haut des marches, posa la main sur le bras de Robert.
— Voilà la voiture, murmura-t-elle.