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— Pardon !… Je suis venue à vous peut-être avec cynisme, mais au moins en toute franchise !… J’ai désiré une heure de volupté auprès de vous… vous l’avez acceptée, et maintenant…

Il l’interrompit :

— Maintenant, je me plains de ce qu’après vous être ingéniée pour me troubler, vous vous refusez…

À son tour, elle lui coupa la parole.

— Je ne me refuse pas, je me défends !… Si, par la vie que j’ai menée, à cause de mes lectures, de mes fréquentations, par suite aussi de mou esprit et de mon tempérament, j’en suis arrivée à considérer l’amour comme un passe-temps agréable, sans conséquences morales, ainsi que vous l’envisagez, vous autres hommes… Si mon âme s’est virilisée, je ne puis oublier que mon corps est demeuré celui d’une femme… C’est à-dire livré à cet aléa plein d’épouvante pour nous, s’il vous laisse indifférents, vous autres, qui vous détournez ensuite !… Vous me demandez une heure de plaisir… Je l’accepte volontiers, sans grimaces de fausse pudeur, mais seulement si elle doit être sans danger d’aucune sorte pour moi !…

Un revirement s’était fait en Robert. Plus calme, il espérait la fléchir. Et entre eux, une cynique, âpre et écœurante discussion s’éleva, s’éternisa.

Enfin, la rage se déchaîna de nouveau en lui.

— Ah ! allez au diable ! cria-t-il brutalement. Vous n’êtes qu’une impudente poupée ! et, Dieu merci, il ne manque pas de femmes plus braves, plus adroites et moins éhontées que vous !…

Et il sortit en tirant violemment la porte derrière lui.

Il arpentait rapidement le porche d’entrée lorsque Guy de Vriane s’élança à sa rencontre, s’écriant d’une voix altérée :

— Ah ! te voilà !… Je venais te chercher… Il y a un