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tion d’angoisse qui eut dû les lier à jamais, et qui au contraire les écartait, les faisait désormais hostiles, meurtris et rancuneux.

Lorsque, rentré chez lui, Robert pénétra avec précaution dans la chambre où dormait Suzanne, la tiédeur parfumée qui régnait dans la pièce close l’écœura.

Il gagna son cabinet de travail et, soudain saisi d’un irrésistible désir de solitude, il disposa le divan pour y dormir avec l’adresse que lui donnait une ancienne habitude : célibataire, il n’avait pas d’autre lit.

Deux draps, une couverture de fourrure, une taie de lingerie enfermant un coussin, et, vite déshabillé, il s’é- tendit avec délices dans la fraîcheur de la toile.

— C’est décidément exquis de coucher seul ! murmura-t-il avec l’allégresse, le sournois triomphe de l’homme résolu à secouer toutes les entraves chères autrefois, et dont aujourd’hui il ne sentait plus que la gêne et le poids.

Et, tandis que les sanglots de Mady montaient, lugubres, dans le silence du petit appartement, là-bas ; tandis que, non loin, Suzanne demeurait pâle, brisée, sombrée dans un repos qui semblait le dernier anéantissement, Robert, s’endormit paisiblement en une délicieuse sensation de détachement, d’insouciance suprême.