Page:Pert - L Autel.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

Elle se tut subitement, épuisée, en un paroxysme d’exaltation qui la renversa, un coude sur la cheminée, sa belle tête ardente dressée, les yeux dans le vide, tout son buste jaillissant en avant, en un élan de désespoir. D’un bond, Castély fut près d’elle ; et soudain bouleversé par tout ce que charriait de voluptueux cette douleur et cette beauté, il l’enlaça avec ardeur.

— Tu divagues !… Mais je te pardonne, car tu souffres !…

Elle ne le repoussa pas, parce qu’elle l’aimait, bien qu’elle ne conservât aucun doute sur l’inanité des sentiments affectueux de l’écrivain à son égard.

— Tout ce que j’ai dit, je le pense… c’est la vérité, prononça-t-elle avec une fermeté mélancolique.

Pourtant, il y avait en elle encore trop d’illusions féminines pour que le subit énervement sensuel de Robert, son impétueux désir ne glissât pas en elle l’espoir de le reprendre, de se l’attacher de nouveau.

Sortant de ses bras, de son lit, pourrait-il la traiter en étrangère ?… Oserait-il la jeter hors de sa vie avec l’implacable désinvolture de naguère ?

Mais, cette fois, leur étreinte n’eut point l’incomparable élan, la simultanéité d’émotion sincère de leur premier baiser.

Elle se donnait, froide cérébralement, seulement troublée en son cœur et sa chair, s’étudiant à affoler Robert, anxieuse d’obtenir un triomphe qui le lui livrât véritablement.

Il la prenait, conscient de ses calculs à elle, et s’abandonnant d’autant plus à l’ébranlement de ses nerfs qu’il se savait nettement hors d’atteinte, garanti du danger de faiblesse, d’apitoiement par l’insincérité devinée de la caresse de sa maîtresse.

Ils se séparèrent sans que revînt entre eux la ques-