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vent bien entendre que je ne puis leur concéder autre chose qu’une heure qu’il me faut oublier ensuite.

Elle se leva, s’écarta de lui avec une révolte.

— Vous mentez !… Oui, oui, tout cela, ce sont des paroles que je méprise, parce que, dessous, il y a tout autre chose !… Votre femme ? la tendresse que vous lui avez promise ?… Allons donc, est-ce qu’il en a été question entre nous !… Non, non, laissez-moi parler !… Je ne dis pas seulement le soir où nous avons été amants ; je sais que lors des minutes d’affolement sensuel, les hommes balbutient mille mensonges, dont sincèrement ils ne se souviennent plus ensuite !… Mais avant, durant les répétitions de cette pièce que, certaitainement j’ai créée autant que vous… il est faux, il est inique de prétendre qu’en ce moment votre pensée, votre âme, votre cœur n’ont pas été à moi !… Vous en faisiez bon marché, alors, de votre femme !… J’étais la seule qui pût vous comprendre, l’être unique auquel vous pouviez vous confier, dire tous vos rêves, avouer jusqu’à vos faiblesses et vos lâchetés !… Vous étiez à moi !… Ah ! certes, cent fois plus à moi que lorsque nos bras se sont enlacés là, sur ce lit, dans cette chambre où, égoïstement, vous m’avez prise, sans songer au germe de douleur, d’effroi… de mort… que vous mettiez en moi !…

— Mady !…

— Oui, vous étiez à moi autant que l’être humain peut être possédé !… Vous vous abandonniez à moi, mais parce qu’alors j’étais pour vous le soutien, l’espoir, la force, celle qui guide, celle qui prépare la gloire et la fortune… J’étais l’instrument que l’on admire et que l’on adore tant qu’il sert, puis que l’on jette au rebut dès qu’il est usé !… Et voilà, je vous aurai tout donné, j’aurai été pour vous la première marche, et maintenant que je ne puis plus vous servir, vous me reniez !…