Page:Pert - L Autel.djvu/198

Cette page n’a pas encore été corrigée

— Je n’ai pourtant pas d’autre parti à prendre… Que voulez-vous que je devienne ? Si la solution était proche, passe encore… mais, réfléchissez un peu… Je suis déjà souffrante, déséquilibrée… Je n’ai pas un genre d’existence ni une santé qui me permettent de supporter cette épreuve comme tant d’autres femmes… Je pourrais cacher évidemment très longtemps… mais ce sont mes forces qui me trahiront… Caula m’avait parlé d’un engagement pour l’été, à Dieppe, avec lui… Mais, c’est un service très dur… Je ne pourrai pas… il me faudra renoncer… Alors, après, c’est fini… Quand je serai dé- figurée, déformée, qui voudra de moi ?… et, c’est toute la saison d’hiver perdue… si ensuite, je ne suis pas morte — de faim, mon Dieu, tout simplement, sans compter les périls de la situation elle-même. Où irai-je ?… À ce moment, vous serez lancé, vous aurez vos interprètes, vous ne vous souviendrez plus de m’avoir connu… vous pas plus que les autres… Ah ! je suis perdue, si je ne me résous pas — et cela très vite — à ce que tant d’autres ont accepté…

Robert se récria, nerveux :

— Non, je vous dis !… c’est impossible !… Je ne le permettrai pas !

Elle s’anima, un éclair d’indignation dans ses longs yeux sombres :

— Vous ne le permettrez pas ?… C’est donc que vous vous arrogez des droits sur moi ?… Alors, il est étonnant que vous teniez si peu compte des devoirs !…

Il eut un sursaut, désagréablement atteint :

— Permettez ! fit-il d’un ton cassant. Expliquons-nous clairement.

Elle eut un geste, tout de suite vaincue, étendant la main comme si elle eût voulu écarter une arme la menaçant :