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son déchirement lui rappela qu’il lui fallait absolument réparer son désordre, se montrer encore une fois séduisante : qu’à la vérité, on ne touche l’homme ni par le raisonnement, ni par le cœur, mais par les sens.

— Attendez-moi cinq minutes, dit-elle en courant à son cabinet de toilette.

Mais, tandis que Robert demeurait seul, étendu sur le petit canapé vert mousse, il songeait, tournait et retournait la situation, s’armant de mieux en mieux contre l’adversaire que, désormais, Madeleine était pour lui. Lorsqu’elle rentra dans la pièce, rafraîchie, recoiffée, souple et mince, sous le peignoir clair d’étoffe molle, il ne s’abandonna point à la sensation involontaire que lui causait cette vision de femme prête pour l’amour, en un cadre de suggestive intimité.

Il posa sur elle un regard froid, préoccupé.

— Que comptez-vous faire ?

Elle aussi s’était préparée à la lutte. Elle répondit, d’une voix blanche :

— Je n’en sais rien.

Et, étudiant le visage de son amant, elle ajouta :

— Le mieux serait, sans doute, de s’adresser à un médecin complaisant. Il n’en manque pas…

Robert avait tressailli.

— Surtout, pas cela ! s’écria-t-il, véhément. Je vous le défends !… N’y songez pas !

Ah ! l’opération !… le mensonge des docteurs, les affres, les horreurs de ces instants, il en avait essayé ! Après les heures d’angoisse passées près de Suzanne, il n’allait pas recommencer avec Mady !…

— Non, non !… Ah ! vous ne vous doutez pas de ce que c’est…

Elle poursuivait, avec un masque de froideur qu’elle s’imposait à force de volonté.