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pour la première fois. — En effet, pauvre fille, c’était terrible !… Mais une irritation ne tarda pas à prendre le dessus sur sa compassion réelle, quoique si fugitive. Que diable ! Ce n’était pas à lui, un homme marié, et dans sa situation précaire, qu’il fallait demander assistance !…

— Dites-moi… Je vous demande pardon. Je ne voudrais pas vous paraître indiscret. Je serais désolé de vous être désagréable…

D’un geste spontané et implorant, elle passa son bras sous celui du jeune homme ; elle s’appuya à lui, tout son être meurtri évoquant les instants déjà presque loin- tains où, un soir pareil à celui-ci, dans un élan inouï, ils s’étaient pris, encore plus cérébralement que sensuellement.

— Oui, parlez, murmura-t-elle avec un espoir. Dites… Si vous saviez par quelles heures d’effroi, d’affolement je viens de passer ! J’ai tant, tant souffert, toute seule… Un peu gêné, il se recula, esquivant l’étreinte qu’elle sollicitait.

— C’est qu’il faut que vous me répondiez avec sincérité… Que vous soyez bien persuadée que je suis votre ami…

Elle répondit avec lenteur, cherchant à démêler la pensée du jeune homme sous ces paroles.

— Je vous répondrai en toute vérité.

Du reste, il s’expliqua aussitôt.

— La Boustière ?… Il est aussi votre amant, n’est-ce pas ?… Oh ! soyez convaincue que je ne vous fais aucun reproche… au contraire !…

Ces derniers mots sonnèrent comme un glas dans le cœur de Mady.

« Au contraire » ! Ah ! que de choses sous ces deux petits mots, prononcés avec une indifférence, un soula-