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et si amoureusement, si parfaitement interprétée par ce couple flexible et vibrant qu’étaient Madeleine Jaubert et Jacques de Caula.

— Mady ! Mady ! s’écria-t-il, enfiévré à son tour, vous êtes une artiste, une grande… grande artiste !…

D’un geste comme involontaire, elle se serra contre lui.

— Je suis votre artiste, murmura-t-elle à voix basse, en un aveu ardent, et vous êtes mon maître…

Il l’avait enlacée ; leurs lèvres s’épousaient en un baiser où s’exaspéraient toutes leurs fièvres de cette soirée emplie du vertige des efforts accomplis, douloureuse, angoissée… affolante aussi d’ivresse triomphante.

Ils arrivaient rue Fontaine. Ils descendirent de voiture, traversèrent le jardin, pénétrèrent dans l’appartement, emportés, perdus tous deux dans un désir impatient de solitude…

La tiédeur parfumée du petit appartement, où s’alanguissait une énorme corbeille de roses envoyée par La Boustière, les saisit délicieusement. Ils eurent tous deux la sensation d’être parvenus à l’étape… l’étape suprême vers laquelle ils soupiraient à leur insu depuis si long- temps.

Tous deux, l’un pour l’autre, étaient plus et mieux qu’elle et lui. Ils étaient, adorablement personnifiés, tous leurs rêves anxieux et radieux ; ils étaient, sous le leurre brutal de la sensualité, la célébrité, la fortune, les âpres jouissances intellectuelles et les joies suaves de l’imagination… ils étaient l’illusion suprême de leurs deux âmes d’artistes, suprêmement tendues et vibrantes.

Et, ce fut dans les bras de Mady, sur son sein palpitant de grandes ondes voluptueuses que Robert connut, enfin, l’immense joie de la victoire remportée là-bas sur