dit dans le passage désert, lui parurent interminables, vraiment odieuses.
Il jugeait sa fuite grotesque, il s’inquiétait des étonnements qu’elle avait dû soulever, s’exagérait les froissements qu’elle ne manquerait pas de causer. Il n’avait pas revu Lombez, pas serré la main à Caula, qui, sans conteste, s’était surpassé, et n’avait glissé dans aucune de ces rosseries que l’auteur craignait de sa part. Enfin, Maurice Sallus avait vu qu’il l’évitait, et il s’était dérobé au plus élémentaire des devoirs auprès du prince barbu de la critique dramatique. La conscience des irrémédiables « gaffes » commises par lui durant ce quart d’heure qu’il avait escompté cent fois auparavant, pour lequel il s’était tracé un minutieux programme, l’emplissait d’une maussaderie, d’une rancune pour celle qui allait venir, qui croissait démesurément de moment en moment.
Sa fatigue, son dégoût, son désappointement de tout étaient absolus. Il n’avait éprouvé aucun bonheur de son triomphe, tiré aucun parti des atouts que lui apportait cette soirée, et voici qu’il ne se souciait plus de la femme qui, visiblement, s’offrait.
Arrivé à l’extrémité du passage, il balança, près de sauter dans un fiacre et de rentrer chez lui, abandonnant le rendez-vous avec une satisfaction de la déconvenue qu’éprouverait Mady. Pourtant, presque malgré lui, il fit demi tour et revint encore sur ses pas.
Rapide, son grand manteau flottant autour d’elle, Madeleine Jaubert venait d’apparaître, semblant apporter avec elle une autre atmosphère, toute de vie, d’animation, d’exubérant enthousiasme.
Et, brusquement, toutes les impressions pénibles, les lassitudes, tous les écœurements du jeune homme disparurent ; un bonheur, une quiétude inouïs l’envahirent ;