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Robert s’écria vivement :

— Voilà qui m’est égal…

Caula se pinça les lèvres.

— Vous avez tort, mon cher monsieur !

Et, avec une sécheresse, où l’auteur tout à coup angoissé sentit la menace :

— Alors, vous ne m’autorisez pas à cette insignifiante substitution ?… Je vous ferai observer que beaucoup d’interprètes, à ma place, n’y auraient pas mis ma délicatesse… et se seraient passés de solliciter votre permission !…

Le sang monta au visage de Robert. Il eut sur les lèvres une violente apostrophe. Puis, il se maîtrisa ; et, se détournant, il dit d’une voix qu’il s’efforçait, sans y parvenir, de rendre indifférente :

— Faites ce que vous voudrez… cela n’a aucune importance.

Caula eut le triomphe discret.

— Je vous affirme que cela peut avoir une sérieuse influence sur le succès de votre pièce.

— Vous n’aviez rien d’autre à me dire ?

— Mais, non.

— Alors, je vous laisse.

Robert s’éloigna rapidement, avec une hâte de se retrouver près de Mady. Puis, avant qu’il fût rendu à la loge de la jeune femme, un revirement complet se fit en lui. Il se sentit tout à coup seul, intrus, abandonné, auprès d’étrangers, chacun préoccupé de son unique intérêt personnel et prêt à marcher insolemment, implacablement sur le sien à lui.

— Ma pauvre petite Suzanne, pourquoi n’es-tu pas avec moi ! pensa-t-il tout à coup, en un ardent besoin de se blottir contre une sympathie réelle, un amour sans bornes, un dévouement éprouvé.