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de sa chaise, un peu interdit, il avait commencé d’une voix timide, aux inflexions douces :

— Eh bien, voilà… Magdeleine habitait une maison à l’orientale… un rez-de-chaussée de petites pièces basses, blanchies à la chaux, peu éclairées, aux ouvertures closes de tapis… Elle avait deux esclaves mâles : un vieux, intelligent et rusé, qui lui servait en ses affaires, et un jeune, solide, qui apprêtait les repas succulents, lorsqu’il y avait festin chez la courtisane… qui mettait à la porte les exigeants et les brutaux… qui allait recueillir les présents promis, presque toujours en nature, — bestiaux, céréales, étoffes, tapis, chez les amants quelquefois oublieux ou peu pressés de remplir leurs engagements… Beau garçon, quoique noir, il comblait parfois les fantaisies amoureuses de sa maîtresse… Magdeleine avait aussi quatre esclaves femmes, deux servantes expertes à la baigner, à la coiffer, à frotter son corps d’essences, à amuser ses demi-sommeils las d’amour et d’orgie par leurs chants à mi-voix, leurs récits, la musique dont elles la berçaient.. Puis, deux petites filles, qui ne la quittaient point, même durant les visites de ses amoureux… servantes attentives… piment des voluptés simples ou compliquées, témoins indifférents… parfois souffre-douleurs…

Les mains croisées, le buste un peu courbé, les yeux attachés sur le sol, Mady écoutait avait avidité.

— Oui, oui, je vois… Oh ! je la vois ! murmurait-elle en un ravissement d’art. Dites encore… Montrez-la moi son réveil… Dans la première scène, je ne saisis pas bien pourquoi elle rabroue avec tant de colère son serviteur… justement son vieil homme de confiance…

Joseph-Pol devenait prolixe, revivant son rêve avec une béatitude.

— Comprenez donc !… L’amour, le divin et charnel amour pour Jésus a pénétré son cœur… Sa vie habi-