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accoudés au balcon de la croisée ouverte, ils guettaient les arrivants, nommant un à un les couriéristes, les critiques, leurs femmes, leurs maîtresses, quelques écrivains, des comédiens en congé, des théâtreuses et des demi-mondaines, des directeurs de journaux, des éditeurs, plusieurs mondains, un petit lot d’artistes, deux hommes politiques, un prince étranger, dont toute solennité artistique s’assure la présence en y mettant le prix — d’ailleurs abordable — et toute cette foule disparate — uniforme au fond — pour qui un théâtre est moins un lieu de plaisir qu’un champ d’affaires de tout ordre.

— Allons, Sallus a bien fait les choses, et nous aurons une jolie salle ! déclara le directeur satisfait.

Puis, il eut tout-à-coup un rappel.

— Ah ! dites-moi donc, je voulais vous avertir !… Vous qui avez de l’influence sur Jaubert, surveillez-la donc… Vous n’êtes pas sans vous être aperçu à quel point Caula la chauffe ?…

Robert balbutia :

— Oui, en effet… Mais que voulez-vous que ?…

Lombez l’interrompit avec vivacité.

— Comment, ce que je veux ?… Mais nom de Dieu, je veux que cet animal ne nous joue pas le tour de cochon qu’il est en train de manigancer !… Vous savez que Caula a l’idée de se coller une légitime talentueuse et, à eux deux, de faire concurrence à l’Athénée et au Vaudeville… Mady le chausse, c’est pourquoi il a accepté de jouer ici avec elle…

Castély se récria :

— Comment, vous croyez ?… Mady deviendrait la femme de ce cabot ?… de cet individu horripilant !…

Lombez lui coupa la parole.

— Ça, mon cher, elle n’aurait pas tort… et puis du