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Et, passant son bras sous celui de Mady, il l’entraîna, bousculant les figurants.

— Ne restez pas ici, ma chère, ça pue le fauve à tomber à la reaverse !…

Sentant la jeune femme toute tremblante, il s’écria, avec un sincère étonnement :

— Ce n’est pas la mort de Coco qui vous agite à ce point, voyons ?

Elle essaya de sourire.

— Si… ou plutôt, c’est tout… l’idée de la douleur du pauvre bonhomme. Puis un peu de superstition… Un vilain présage pour la soirée, avouez-le !…

Jacques de Caula eut un rire.

— Mais, pas du tout !… C’est, au contraire, la victime antique sacrifiée au seuil de tout édifice nouveau !… Vous verrez, ma chère, combien les mânes de Coco nous seront propices !… C’est le triomphe !…

Puis, sérieux :

— En attendant, passons dans votre loge, et relisons entièrement la pièce de M. Castély… Une précaution que je vous recommande de ne jamais négliger, Mady, si sûre de votre mémoire que vous soyez…

Il l’enveloppait de son regard plein de sollicitude..

— C’est que je vous veux parfaite, ce soir, murmura-t-il avec une caresse dans la voix.

L’épreuve de la répétition générale l’avait tout à fait édifié. Madeleine serait sa femme. Il était certain que la jeune artiste, polie par lui et présentée devant un public de choix, deviendrait l’étoile qu’il rêvait à ses côtés ; car, la veille, elle avait désarmé les malveillances, réveillé les léthargies d’une réunion de blasés, d’envieux, de ratés et d’imbéciles, au crasseux vernis littéraire et artistique ; elle s’était imposée au plus exécrable auditoire qui se pût imaginer.