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surgissant à la dernière minute viendraient entraver la représentation, feraient s’écrouler l’échafaudage de ces trois semaines d’effort surhumain, de labeur inouï.

Une voix s’éleva.

— C’est Coco, monsieur.

Et de vingt côtés différents, jaillit l’histoire de l’accident. Le malheureux idiot, le monstre à figure de perroquet, fils du régisseur, échappé à la surveillance de son père, absorbé par ses occupations, grimpant dans les cintres, se promenant, là-haut, comme un singe maladroit, aux cris épouvantés des assistants, et tout à coup trébuchant, tombant, venant s’écraser sur le plancher de la scène…

— La tête a porté et s’est ouverte… Il a fallu gratter la toile du fond, sur laquelle de la cervelle s’était collée… Et le sang sur les planches !… Voilà trois fois que l’on y passe du savon noir et de l’eau de Javel !…

Frappée, toute pâlie, Madeleine avait reculée, s’appuyant à la muraille.

Coco !… pauvre Coco !… et son père, le malheureux !..

Dans un élan égoïste, Robert avait juré :

— Nom de Dieu ! nous avions bien besoin de cela !…

Mais Jacques de Caula survenait, se frayant un passage dans le corridor du bout de sa canne, très élégant, un feutre gris sur la tête, son torse serré dans un gilet de soie de couleur. Il interrogea :

— Que se passe-t-il ?

Mis au courant du malheur, il en eut un geste indifférent.

— Surtout, qu’on lave soigneusement les planches à l’eau claire et que l’on passe force sciure… Je ne tiens pas à me casser une jambe en glissant sur du parquet savonné !…