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mois de souffrance que devra subir la femme allant jusqu’au bout de la grossesse ?… Et ensuite, la présence de cet enfant qu’on ne désire pas, dont on ne peut assurer la vie !… Vous dites que Suzanne se désolait de sa séparation d’avec son mari… Eh bien ! qu’eût-elle souffert pendant une grossesse normale, et après, durant les longs mois où la femme, récemment accouchée, convalescente, nourrice, vit d’une existence à part… forcément objet du respect dégoûté disons le mot — de son mari !…

Madame Féraud hocha la tête.

— Elle aurait eu au moins son enfant pour la distraire de son chagrin. — Écoutez, mon cher ami, quelque effort que vous tentiez, vous ne changerez pas une loi immuable… L’amour, en tant que désir sensuel et émotion sentimentale, est une chose essentiellement éphémère… Il est rare ; pourtant, il se rencontre chez certain… Robert et Suzanne en sont la preuve ; mais, pas plus que d’autres, ils ne peuvent éviter la loi commune… leur amour exclusif, parfait, devait sombrer… Je vous accorde que la venue d’un enfant dans un ménage détruit l’état de liaison amoureuse qui y régnait… Un mari ne peut plus être un amant après les détails poignants et vulgaires qui accompagnent la maternité… Mais lorsque celle-ci apparaît comme il ne peut manquer d’arriver un jour ou l’autre entre des époux, même usant de toutes les supercheries imaginables même si on l’élude, l’amour est touché… une fêlure s’est faite, qui se propagera inévitablement… et l’on n’arrivera seulement à ce résultat, que la passion sensuelle s’envolera et ne laissera même pas à sa place cette affection qui doit normalement succéder à l’amour dans l’union de deux êtres… Vous êtes persuadé d’avoir sauvé le ménage de vos amis en entravant la mar-