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envers Robert et Suzanne, que j’aime sincèrement, je vous le jure !

Henriette s’adoucit.

— Hé, mon pauvre ami, je le sais bien !… Vous avez agi en toute inconscience… Mais c’est ce que je déplore !… C’est ce qui me fait frémir, car vous êtes toute une école de jeunes chirurgiens, tout une foule de ménages d’époux-amants qui vous élancez avec une confiance orgueilleuse en une voie effrayante, néfaste, semée de terribles obstacles !…

Julien se leva, et se mit à marcher avec agitation dans la pièce.

— Vous avez raison jusqu’à un certain point, et en ce sens que l’éducation de la plupart des chirurgiens ainsi que de leurs clients est à faire, reconnut-il. Il est évident que beaucoup de mes confrères outrepassent ce que le simple bon sens indique… Accepter, par exemple, comme Victorin Vincent, de pratiquer sept avortements chez la même femme, en l’espace de trois années, c’est de la folie… Et il est irritant de voir que, dans le public, il n’y a pas de milieu entre une horreur irréfléchie, une terreur saugrenue de l’acte chirurgical, et une tendance funeste à oublier que celui-ci oblige à des précautions rigoureuses et soutenues… Telle femme qui, nouvellement accouchée, ou ayant éprouvé une fausse couche accidentelle, restera sans murmurer trois semaines au lit, éloignera son mari pendant des mois, se refuse à observer la même prudence lors d’une mesure provoquée…

— Mais, si cette opération apporte à la femme les mêmes malaises ; au ménage, le même trouble que la venue d’un enfant, pourquoi ne pas accepter celui-ci ?…

Julien se récria :

— Allons, comptez-vous pour rien les sept ou huit