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dessus jeté sur ses épaules, son chapeau hâtivement mis sur sa tête, il disparut.

Le silence qui succéda parut affreux à Henriette. Sa responsabilité, son ignorance des véritables causes, du degré de gravité de l’accident de Suzanne, la terrifiaient. Elle fut traversée par ce sentiment d’épouvante, de suprême impuissance qui, à certains moments, gagne les plus courageux.

Pourtant, cette minute de faiblesse ne dura pas, sa nature énergique prit vite le dessus. Sans cesser de surveiller attentivement la jeune femme, toujours dans un état de prostration absolue, elle rangea la chambre en désordre, fit disparaître d’impressionnants linges ensanglantés, s’assura du remède à portée, apporta à tout hasard auprès du lit de l’eau de Cologne, des sels.

Ses yeux ne cessaient de se porter sur la pendule, suivant avec anxiété les aiguilles, si lentes à se mouvoir. Enfin, n’ayant plus à agir, elle vint s’asseoir au chevet du lit et ne quitta plus du regard le pâle visage amaigri de Suzanne.

— Pauvre petite ! murmura-t-elle, très assombrie, emplie d’une pitié infinie.

Au bout de quelques instants, les paupières de la jeune femme se soulevèrent ; elle ne bougea pas, mais ses yeux se tournèrent, elle aperçut madame Féraud.

— Vous, Henriette ? fit-elle avec étonnement.

Puis elle se souvint, — comprit.

— Oui, j’ai été très malade… Robert vous a appelée… il est parti chercher un médecin…

Henriette se pencha sur elle et l’embrassa avec affection.

— Ne parlez pas… Vous pourriez vous faire mal. Votre mari va bientôt ramener le docteur Dolle.