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Livide et défait, un veston jeté sur sa chemise de nuit, Robert expliqua :

— Une hémorragie… Elle se meurt, je vous dis !… Il faut que je coure chercher Dolle, et je n’ose la laisser seule !

Madame Féraud fit un geste.

— Je suis à vous…

Elle rentra en courant dans l’appartement, s’assura que ses deux filles dormaient paisiblement, prit son passe-partout et revint à l’antichambre. Robert n’y était plus. La porte de son appartement était ouverte. Madame Féraud entra, pleine d’angoisse.

Dans la chambre de Suzanne, vivement éclairée, la jeune femme était renversée sur ses oreillers, pâle, semblant privée de sentiment.

Courbé sur elle, répondant à l’interrogation effrayée des yeux de madame Féraud, Robert murmura :

— Non, non, elle vit… mais elle est si faible !…

Puis, quittant Suzanne, il continua :

— L’hémorragie paraît arrêtée… Pourtant si, pendant mon absence, elle recommençait, vous savez ce qu’il faut faire… des injections très chaudes… il y a de l’eau bouillante dans le cabinet de toilette…

Madame Féraud eut un cri.

— Pour Dieu, n’allez pas jusque chez Lucien Dolle !… La rue de Vaugirard, c’est trop loin… ce serait trop long !… Il y a un médecin tout près, dans la rue, au numéro 55 !…

Mais Robert cria violemment :

— Eh ! je ne peux pas !… Julien seul doit la soigner !…

Quelque chose d’indicible en son accent — trouble, frayeur, menace, rancune — frappa madame Féraud, précisant tout à coup en elle de vagues soupçons.

Il recommença ses recommandations ; puis, son par-