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un ravissement sur ses traits bouffis par l’émotion récente.

Jacques reparut, correctement vêtu.

Apprêtez-vous, Mady, fit-il avec une autorité familière et nous irons tous souper au cabaret… Vous ne pouvez pas vous coucher avec ce maigre dîner sur l’estomac.

— Tiens, c’est une idée ! s’écria la jeune femme avec un entrain soudain. Vous venez, La Boustière ? Et vous, Castély ?

La Boustière s’inclina, soumis. Robert salua froidement.

— Oh ! non, je rentre chez moi !…

Et il eut une âcre déception de ce que l’amertume et le blâme de son accent demeurassent inaperçus de Mady, qui répondit avec légèreté :

— C’est vrai, vous n’avez pas prévenu… Alors, bonsoir !…

Robert serra les mains qui se tendaient.

— Bonsoir.

Dans la rue, le froid de la nuit, pourtant modéré, le transit. Il grelotta, et, sur la mobilité de son cerveau d’artiste, une foule d’images absurdes, de pressentiments sinistres, d’appréhensions stupides, s’imposèrent. Sans force pour remonter jusque chez lui, malgré le peu de distance qui le séparait de sa maison, il prit une voiture et s’affaissa sur les coussins, pleurant d’énervement, de rage, de volupté surexcitée.

Lorsqu’il paya le cocher, celui-ci le considéra, narquois, le croyant ivre.

Et, malgré la fatigue atroce de ses membres, sa faiblesse mentale était telle qu’il préféra gravir à pied les cinq étages, en une terreur morbide de l’ascenseur, de cet enlèvement dans les airs de la machine puissante…