Page:Pert - L Autel.djvu/115

Cette page n’a pas encore été corrigée

décidé d’en faire une création tout opposée. Au lieu des lourdes draperies dont les peintres affublent le corps charnu de l’amante de Jésus, une mince tunique de soie blanche souple épousait étroitement ses formes élancées, laissant ses bras complètement nus entre les longs pans fendus des manches en soierie d’Orient rayée de jaune et de grenat. Une écharpe jaune et violette enserrait ses cheveux noirs, flottant sur ses épaules : deux minces tresses renouées de cordonnets de soie jaune, verte et violette retombaient de chaque côté de son visage. Sans fard, elle avait néanmoins allongé et avivé ses yeux de kohl sombre.

Elle glissait sur le tapis, ses pieds nus en des sandales de maroquin jaune soulevant le bord de sa tunique traînante.

Elle s’arrêta devant les deux hommes.

— Je vous plais ? adressa-t-elle indistinctement à l’un et à l’autre.

Robert ne répondit rien, se renversant sur le canapé, ses yeux suivant avidement les contours de cette chair intime inconnue, qu’il imaginait pâle et fine, sous la draperie si fidèlement obéissante.

La Boustière la contemplait, plongé dans une ivresse infiniment plus mystique que sensuelle.

— Mon rêve ! murmura-t-il presque indistinctement. La Magdeleine ! la Magdeleine !

Dans sa bouche, ces syllabes semblaient avoir un sens mystérieux, profond, lointain, incommensurable, ainsi que le désert.

Mais un souffle de brutalité parut traverser la pièce avec le geste de Jacques de Caula, qui repoussait le paravent et paraissait, dans la hardiesse de sa demi-nudité provocante. Une pièce d’étoffe de soie de Chine vert pâle était nouée bas sur les reins, telle qu’un pagne de