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L’autre le regardait avec curiosité.

— Tiens, vous êtes là ?…

Bravement, Mady déclara :

— Nous ne nous sommes pas quittés, et nous avons si bien bavardé que nous avons oublié de dîner !

Muet, une souffrance, un déchirement visibles sur ses traits, La Boustière les contemplait ; tandis que d’un coup d’œil rapide et insultant Jacques de Caula inspectait la toilette des deux jeunes gens, les coussins du canapé — jusqu’au lit intact, à la couverture faite, de la chambre voisine sans rien découvrir de significatif ni même d’équivoque.

— Vous êtes un peu toquée, Mady, il y a longtemps que je le sais, se contenta-t-il de dire d’une voix blanche.

Alors, Madeleine se montra d’une féminité qui ne lui était pas ordinaire. Enjouée, coquette, électrisée entre ces trois hommes sourdement rivaux, elle les maîtrisa par d’indicibles effluves émanant d’elle, plutôt que par des paroles quelconques…

— Castély éprouvez-vous une faim irrésistible ?… Partez-vous pour dîner ?… Ou voulez-vous partager avec moi un repas des plus légers ?… J’ai là des petits pains, du chocolat préparé pour demain matin… en un instant, il sera chaud… Si cela peut vous suffire, restez, vous assisterez à la répétition… votre opinion nous sera précieuse… N’est-ce pas, La Boustière ?…

Sa dernière phrase contenait un tel ordre impérieux, et aussi prometteur, que Joseph-Pol s’inclina, vaincu :

— Mais, certainement…

Avant lui, Robert avait dit, les yeux attachés sur Caula :

— Je reste !…

Le comédien sourit, et d’un ton d’ironie discrète :