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l’amant de Mady ?… Il n’en savait absolument rien. Tout à l’heure, seul avec elle, il avait la perception intellectuelle et physique de ne faire qu’un avec elle, d’être en communion inouïe — peut-être jamais encore rencontrée avec aucune autre femme. Et voici que cette impression s’était subitement évanouie… effacée au point de ne laisser aucune trace en lui, sinon une lassitude écrasante.

Il s’aperçut qu’il mourait de faim. Et il pensa aussi à l’inquiétude et à la tristesse de Suzanne, qui l’attendait au logis.

Il était résolu à partir immédiatement, lorsque la vue de Madeleine et de Jacques de Caula rentrant ensemble bouleversa soudain son vouloir.

Pourquoi, à de certaines heures, un geste, une attitude, un rire, le son de la voix, une parole insignifiante, en ceux qui vous intéressent, vous rend-il compréhensifs, clairs, tout une série de faits, de conceptions dont jamais auparavant le soupçon ne vous avait effleuré ? Pourquoi subitement sait-on une chose, des choses qui n’ont été ni déclarées, ni avouées, que rien, en somme, ne vous révèle ?…

À présent, la conviction s’imposait impérieusement à Robert, que Caula voulait Mady, qu’elle serait sienne un jour, de corps et d’âme ; et, un flot de jalousie âpre, furieuse, l’envahissait. Il haït l’homme, désira follement la femme.

Alors qu’il demeurait inerte, sans ressentiment, avec seulement un vague dégoût devant La Boustière, la rivalité élégante et presque insolente du docteur-comédien l’exaspérait suprêmement.

Il fit quelques pas vers Jacques et lui tendit la main, d’un geste de défi.

— Bonsoir !…