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lité. Ils s’aimaient avec la chasteté naturelle et facile de réels amants durant les heures qui suivent une étreinte fougueuse.

Et les minutes passaient sans qu’ils en eussent conscience, en ces deux petites pièces closes dont le charme, intime enveloppait leur tête-à-tête. Ou plutôt, ils savaient bien au fond d’eux-mêmes que l’heure s’avançait, mais ils ne voulaient point s’en enquérir, redoutant comme un malheur insupportable la nécessité de se séparer.

Pourtant, la précise fuite des heures leur échappait ; ils se doutaient simplement qu’un long temps s’était écoulé.

Plusieurs coups frappés à la porte d’entrée les firent sursauter-tressaillir comme des coupables — les arrachèrent violemment au rêve puéril, exquis et doux dans lequel ils vivaient.

— Qu’est-ce que c’est ? fit Robert.

— Je ne sais pas, murmura Mady.

Ensuite, tous deux, au même instant, eurent un rappel brusque, un pareil mouvement pour chercher une montre.

— Huit heures vingt ! s’exclama Robert.

Une rougeur de contrariété envahit les joues mates de Madeleine.

— Ce sont eux ! murmura-t-elle.

N’avait-elle pas donné rendez-vous à Joseph-Pol de La Boustière et à Jacques de Caula ?…

On frappait plus fortement.

Elle se décida.

— J’y vais !…

En même temps Robert s’écriait :

— Ne répondez pas !… Je ne veux pas qu’on me trouve ici !… Songez donc, Mady !