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pluie et le beau temps à Nice, pendant que son mari naviguait aux Antilles.

Comment et quand Pierre devint l’amant de Belle, que Samela avait toujours si passionnément et si discrètement adorée, il ne le sut qu’une grande année plus tard, lorsque, en un jour de détresse et de terreur, les amants le prirent pour confident. Belle était enceinte, le mari qu’on attendait depuis deux mois tardait à arriver, et il allait sans doute devenir impossible de lui attribuer la paternité de l’enfant du jeune peintre.

Celui-ci, violemment épris, et qui n’avait que vingt-trois ans, suppliait sa maîtresse de le suivre, de tout abandonner, lui jurant un avenir d’aisance, de gloire promesse que probablement il aurait tenue. Belle, égoïste et pratique, bien qu’affolée, refusait désespérément.

Avec un frisson intérieur, Samela revivait les heures tragiques et rapides du roman qui s’était joué alors, si lugubre, si poignant, qu’aujourd’hui, songeant à l’héroïne grasse, paisible, ayant si com. plètement oublié ces jours troublés, à son propre calme, il arrivait à douter de leur réalité…

C’était un soir, au bord de la Méditerranée. Comme ils faisaient parfois, en des jours plus tranquilles, les deux amis avaient loué une barque, où Belle les rejoignit furtivement. Au large, loin des espionnages, ils avaient encore une fois discuté