Page:Pert - Charlette.djvu/88

Cette page n’a pas encore été corrigée

Il eut un geste d’impatience.

— Ah ! les genres !… je les ai tous essayés, et avec le même résultat ! — Non, ma petite, ce qu’il faut, c’est ce que je n’ai pas !… c’est cette étin- celle !… Ah ! cette étincelle que j’ai vue, tiens…

Il s’arrêta brusquement, une rougeur foncée montée à ses pommettes sous la barbe rude ; il resta un moment décontenancé, la voix lui faisant défaut dans la gorge. Il avait eu sur les lèvres le nom pourtant déjà lointain, effacé, de son ami, du jeune peintre qui hélas — hélas — promettait un génie, lui ! — Le véritable père de Charlette…

Enfin, il reprit péniblement, ayant à cœur de terminer sa phrase, comme si la jeune fille eût pu deviner l’allusion terrible qui avait failli lui échapper Cette étincelle que j’ai vue dans les essais de cent autres qui étaient doués…

Ensuite, tandis que Charlette, dessinant avec ardeur, s’absorbait dans son travail, Samela tomba en une profonde rêverie, posant distraitement de petites touches sur son tableau, un paysage d’Au- vergne, terne et exact, qu’il terminait d’après une étude faite l’été précédent.

C’était Samela qui, il y avait à peu près vingt ans, avait mis en rapports Pierre Besnard, son camarade admiré de l’Ecole des Beaux-arts et sa cousine Belle remariée alors au lieutenant de vaisseau du Jonquier. L’incomparable Belle qui faisait la