Page:Pert - Charlette.djvu/85

Cette page n’a pas encore été corrigée

près de lui, un modèle devant elle. Et, tous deux commencèrent, elle à dessiner, lui à peindre un petit tableau déjà assez avancé.

Fils d’un riche industriel de l’Eure, Samela avait une sœur beaucoup plus âgée que lui, dont le mari, ingénieur distingué, avait pris de bonne heure dans la direction de l’usine la place qui eût dû être réservée au fils. De santé délicate pendant son enfance, travailleur indolent, ayant peu de dispositions pour le travail scientifique, Édouard montra très vite une rare inaptitude pour les affaires, et personne ne s’opposa à son désir d’étudier la peinture, bien que dès lors dans la famille on le traitât dédaigneusement de fainéant et de déclassé. À la mort de son père, le jeune homme eut la douleur de voir sa mère et sa sœur liguées avec son beau-frère pour le dépouiller de sa part légitime. Vivement atteint, il se retira, les laissant libres de se faire la part du lion. Après mille hésitations et une foule d’actes qu’il accepta et signa les yeux fermés, le peintre reçut une pension de huit mille francs par an, qui d’ailleurs, lui fut régulièrement payée, le capital restant engagé dans l’usine. Dans le monde des affaires, on estimait le bénéfice net annuel de l’usine Samela-Bertin à trois cent mille francs.

Jamais, même à sa petite amie Charlette, Samela n’ouvrait la bouche du chagrin que lui causait le