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ardente. Comme Jean était en même temps un travailleur, un esprit subtil, un connaisseur profond de ce qui séduit la femme — l’unique juge du romancier qu’en réalité, il possédait un peu de cette étincelle du génie qu’il dédaignait et méconnaissait en lui-même aussi bien que chez les autres, il était brillamment arrivé. Les fictions du début devinrent des vérités. Il fut lu, ses œuvres furent attendues avec impatience. Ses romans se vendaient un gros prix dans les revues et les journaux ; ses tirages en librairie étaient parmi les plus élevés. Un article de lui, dont il se montrait fort avare — peut-être pour ne pas les discréditer — représentait un billet de cinq cents francs. Une revue qui débutait avait payé 25, 000 francs la faveur de publier une œuvre inédite tacitement promise depuis longtemps à un grand périodique. Enfin, l’auteur touchant à ses quarante ans, l’Académie lui était assurée à bref délai.

Cependant, cette carrière établie, ces succès achetés à force de calculs et de mensonges pouvaient abuser la foule, et même la plupart de ses amis, mais ne trompaient pas Jean. Il n’était pas de la classe de ces écrivains qui, sincèrement, oublient tout ce que leur a coûté leur renommée, s’enorgueillissent naïvement d’éloges qu’ils ont payé, et s’attendrissent des triomphes longuement préparés.

Tout l’échafaudage dressé de ses propres mains