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l’ancienne grisette. Pauvre petite amoureuse lâche et héroïque, abandonnée par l’ami ingrat et l’adorant quand même, se sacrifiant passionnément à lui jusqu’à la dernière minute, affolée de bonheur à ses retours irrésolus, lui pardonnant toutes ses défections. Ce thème qui devait se dérouler toujours le même pendant les trois actes était renouvelé par le talent de l’auteur à représenter l’amour sous toutes ses faces troublantes, ainsi que par le jeu exquis des comédiens qui, sans cesse, frôlaient l’indécence sans jamais y tomber. À la répétition générale, un critique avait formulé cette opinion sur la pièce : — une chambre à coucher, avec la censure assise sur la chaise-longue.

Lorsque le rideau tomba, Charlette poussa un profond soupir, comme si, pendant la demi-heure qui venait de s’écouler, elle n’avait point respiré. Et, ce fut avec une stupeur indignée qu’elle constata la calme insouciance de ses compagnons.

Bien en vue au bord de la loge, Belle ruisselante de paillettes sur sa robe blanche, un petit chapeau rose lui seyant à ravir, s’éventait lentement, examinant la salle, nommant les personnalités à Mmes William H. K. Potter et James Warnet, deux délicieuses Philadelphiennes dont sa collection venait de s’augmenter. Tout oreilles devant la précieuse énumération de Mme du Jonquier, les jeunes