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perceptible et insurmontable qui existe si souvent entre gens conservant pourtant de correctes relations de politesse.

L’expérience de la vie et du monde manquait à Charlette pour qu’elle pût remarquer le décousu des relations de sa mère, et pour qu’elle observât que les figures sans cesse revenues dans le kaléïdoscope de leurs jours étaient uniquement des étrangères, des artistes ou des mondaines ayant quelque fêlure dans leur situation, et non dans leur réputation, car Belle fuyait prudemment les femmes suspectes. Cependant, par instinct, la jeune fille se déplaisait dans le cercle de madame du Jonquier, parmi des gens d’origine, de pays différents, ou que l’on sentait pour ainsi dire en lutte perpétuelle avec le qu’en dira-t-on.

Une seule figure dans ce milieu demeurait sympathique et lumineuse pour Charlette. Celle de son ancien ami Samela. Encore, n’était-ce pas sans un étonnement chagrin qu’elle constatait l’espèce de sans gêne avec lequel Belle du Jonquier traitait l’artiste consciencieux mais sans renom, le cousin éloigné à la fortune modeste. Certes, si Samela eût disparu, son excellent visage, sa complaisance, ses services constants eussent manqué à l’insouciante amie, mais, abuser de sa bonté, de son dévouement, lui paraissait absolument naturel.

Aucune intimité n’existait entre madame du Jon-