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Mais, une faiblesse le prit soudain, qui le força à se rasseoir. Effrayée et repentante d’avoir provoqué cette scène, Charlette, d’un geste spontané, l’enlaça et l’embrassa tendrement.

— Oh, pardon, père ! Je vous tourmente, je vous ennuie !… Faites ce que vous voudrez… renvoyez-moi si vous ne m’aimez plus… Si je suis trop malheureuse, je mourrai, voilà tout !…

Quelques minutes silencieuses s’écoulèrent, tandis que Charlette ne cessait de baiser passionnément la main blanche et amaigrie de son père sans qu’il bougeât — les yeux fixés au loin, enseveli dans un monde de pensées. Tout le boubillonnement qui s’était fait inopinément en lui avait sombré ; à ce sentiment violent, le dernier peut-être qui dût jamais se faire jour en son être usé, succédait un regret, un vague remords d’avoir blessé une âme innocente, après tout…

Enfin, il parut se réveiller. De sa main libre, il releva et caressa le front de Charlette, la regardant en face et sans trouble pour la première fois…

— Écoutez, mon enfant, dit-il d’un accent de bonté. Vous souffrez de votre éloignement, c’est injuste… D’un autre côté, vous êtes loin, bien loin d’être mûre pour le mariage… Vous devez rester auprès de nous — et vous resterez.

Charlette l’écoutait, incrédule, retenant sa respiration.