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s’est entichée de cette famille Lechâtelier qui a su la circonvenir ; elle les croit dans une très belle situation, elle est convaincue que c’est une occasion inespérée pour toi, et qu’elle assurera ton bonheur. — Te forcer ?… Évidemment non… mais il y a tant de façons de t’étourdir, de te convaincre, de t’influencer. — Ainsi, il est probable qu’on mettra pour condition à ton séjour ici que tu accueilles poliment la cour de ce jeune cuistre…

Charlette eut un cri.

— Tu crois qu’on me renverrait ?…

Les mains jointes, crispées, elle se laissa tomber sur le petit canapé, près du peintre.

— Oh ! bon ami, si tu savais !… Je ne peux plus supporter d’être toute seule là-bas !… Je m’ennuie tant ! je suis si malheureuse !… Grand’mère ne m’aime pas… personne ne m’aime… C’est le désert, vois-tu ! — Et m’y renvoyer, à présent que j’ai eu l’espoir de rester ici… Oh ! ce serait affreux !…

Et, subitement, avec une ardeur :

— Mais, papa ? Est-ce que lui aussi veut ce mariage ?… Non, oh ! dis-moi que non ?

Samela se leva.

— Il connaît ce projet, mais, il ne s’en est pas autrement occupé.

— Eh bien, alors, il me défendra ?…

Samela hésita, et, avec une réserve :