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attachement. Cependant, durant le cours de son existence, aucune femme ne s’était aperçue et ne devait s’apercevoir de sentiments qu’une juste connaissance de sa disgrâce physique lui donnait la force de dissimuler.

Jadis, il s’était trouvé intimement mêlé aux faits qui avaient accompagné la naissance de Charlette ; et, même avant que la charmante nature tendre et primesautière de l’enfant l’eût conquis, il s’était intéressé à l’avenir, fatalement troublé, au bonheur précaire de la petite créature née d’un adultère dont le secret appartiendrait sans doute un jour ou l’autre au mari de Belle.

La catastrophe ne s’était produite qu’après de longues années d’illusion, mais elle n’en avait pas moins été terrible. Et, bien que quatre ans se fussent écoulés, apportant une apparence de calme, le peintre se demandait avec anxiété si les plaies, orgueilleusement cachées au monde, étaient suffisamment cicatrisées pour que la présence de la jeune fille ne les exaspérât pas de nouveau, et pour qu’elle ne devînt pas l’innocente victime des tourments qu’elle allait raviver.

Comment Raoul du Jonquier, malade, ulcéré d’âme et de corps, supporterait-il près de lui cette enfant qu’il avait prise autrefois dans une haine égale à la passion qu’il lui montrait lorsqu’il la croyait sa fille ? — Et, déjà, qu’avait-on dit,