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sante ; la jeune femme affolante. Actuellement, revenue à une stricte sagesse, plutôt à cause de la secrète conviction que les passions usent la beauté que par un sincère retour vers la morale que sa frivolité ignorait, elle brillait d’un éclat incomparable de chair mûre sans apparente déchéance. On prévoyait en elle un automne admirable, et une vieillesse charmeuse. Sans doute, jusque dans la mort, elle demeurerait jolie, et défierait même la décomposition, par un de ces prodiges inexpliqués que l’on constate parfois en ouvrant d’anciennes tombes.

Du reste, Belle elle avait été, et ne serait que Belle toute sa vie, quoique les hasards de l’existence l’eussent faite épouse, amante, mère, presque en dehors d’elle-même. En effet, malgré des élans qui l’avaient trompée elle-même, elle n’avait jamais éprouvé de réel amour que pour sa propre personne, voué de culte qu’à sa beauté. Plus vaniteuse que sensuelle, et d’une vanité pour ainsi dire naïve, elle avait vécu en adoration devant sa belle chair, coupable inconsciente, semant des troubles, des désespoirs et des misères qu’elle aperçut à peine et qu’elle oublia aussitôt, en l’unique et éternelle préoccupation de sa beauté.

— Tiens, Charlette, attache ces perles à mon cou, fit-elle en souriant, comme accordant à sa fille la meilleure marque de tendresse qu’elle pût lui