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qu’avait conservée la malheureuse femme jusque dans la mort…

Avant qu’il eût fini de parler, Charlette ne l’écoutait plus. Dès qu’il se tut, elle le regarda dans les yeux ; et, très calme :

— Parle-moi du mariage de Jean Hallis.

Samela rougit brusquement.

— Tu l’as vu raconté dans les journaux ?

— Oui.

Il hésita.

— Eh bien, mais, je suppose que je n’ai rien à te dire que tu ne saches ? — Sa femme est une Américaine de 19 ans, orpheline, possédant presque autant de millions que d’années. — Elle est du reste laide — ce qui est rare parmi ses compatriotes, et s’explique probablement par son ascendance portugaise. Elle est petite, noiraude, avec d’assez beaux yeux noirs, mais une mâchoire avancée, lourde. Elle adore son mari, et l’on dit que c’est elle qui a fait la demande.

Charlette eut un sourire froid.

— Ce doit être vrai… Il est bien trop habile pour ne pas s’être fait désirer.

Un silence suivit. Samela ne savait s’il devait poursuivre ou changer la conversation. Charlette s’absorbait dans une songerie. Enfin, elle secoua la tête, et, l’expression de gaîté sereine qui avait frappé son ami en arrivant reparut sur sa physionomie.