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— Oh ! si cela dépend de papa !…

Elle se ressouvenait des baisers, des gâteries de son père, autrefois, lors des retours des lointaines croisières ; de ces regards si doux, si affectueux accompagnant les cabrioles de l’enfant ; de cette indulgence à la gaîté, aux jeux les plus bruyants…

— Oui, si cela dépend de papa, je resterai, répéta-t-elle à voix basse, confiante.

Et, poussée par une impulsion subite, elle courut à la porte, voulant rejoindre le marin tout de suite, obtenir sans retard la certitude d’être gardée au foyer paternel, ayant soif de caresses, d’étreintes autres que celles, si légères, reçues tout à l’heure de sa mère.

Belle bondit avec une promptitude que l’on n’aurait pas attendue de sa superbe prestance.

— Veux-tu bien rester ici !…

Et, avec plus d’alarme que d’autorité dans la voix :

— Je te défends de voir ton père ce soir !…

Charlette se rassit, interdite.

— Madame, votre eau refroidit, fit observer Annette en tendant l’éponge fine.

Immédiatement, Belle se plongea dans l’onde parfumée, en prenant grand soin de ne point mouiller ses cheveux, haut relevés au-dessus de son front joliment dessiné, et que ne striait aucune ride.

— Tu n’as pas à craindre un mauvais accueil de